Lettre ouverte des personnes souffrant de l'absence de sécurité à Kanesatake

Resumé : 

Nous exigeons de nos élus un plan pour rétablir la sécurité publique dans la région et que ce dernier permette à chaque personne de s’exprimer à l’abri de l’intimidation. 

Par souci de sécurité, et pour éviter toutes représailles, la liste des signataires ne sera publiée qu’une fois qu’elle sera volumineuse.

Nous les soussignés, tenons à vous faire part de notre indignation face à la situation honteuse qui perdure à Kanesatake alors que nous savons que vous avez le pouvoir de changer les choses.

Dans une réunion publique tenue le 12 juin 2023, la députée Mme Sylvie D’Amours, la même députée qui a octroyé les permis du dépotoir G&R, expliquait à ses électeurs qu’elle rencontrait M. Lafrenière quotidiennement pour discuter du dossier.  

Un an plus tard, le même refrain se fait entendre dans La Presse. Cette fois-ci, ce sont les communicants des ministres Lafrenière et Hajdu qui insistent sur le fait que leur coopération est irréprochable.[1]

Nous tenons à saluer les décisions prises par rapport aux travaux de décontamination du dépotoir G&R mais l’ampleur de la crise sur le territoire de la communauté dépasse largement la simple décontamination du site.

Les risques ont été démontrés scientifiquement et les inquiétudes sont fondées en ce qui a trait à la santé et à la sécurité des milliers d’habitants qui vivent, puisent leur eau et cultivent aux abords de ces décharges contaminées. Le lixiviat toxique qui se déverse dans la rivière des Outaouais représente un danger pour les humains et la faune aquatique. Il est urgent de réagir.

Aujourd’hui, force est de constater que cette souffrance physique et morale n’est pas entendue. Pourtant, plusieurs ont pris des risques considérables pour vous faire parvenir un cri du cœur.[2] Brisant l’omerta, ces courageux nous rappellent que personne ne peut vivre ni s’émanciper dans la peur.[3]

Le règne du crime organisé et l’impunité des gestes commis sous vos yeux est intolérable, qu’attendez-vous pour agir? Les Kanesata’kehró:non sont menacés quotidiennement par le régime de peur qu’ils subissent, pourtant ils ne sont pas des criminels et méritent de vivre dans la paix. Oui, nous comprenons que toute intervention comporte des risques, mais que reste-t-il aux citoyens si même nos forces de l’ordre n’osent pas intervenir, ou si les politiciens se soucient davantage de leur image que du respect de la loi ?  

L’attitude mollassonne des élus qui se justifient derrière un “soi-disant respect” de la souveraineté de la communauté, ne donne visiblement pas de résultats et ouvre sans cesse la porte à l’aggravation des dommages. Comme le disent les Kanesata’kehró:non eux-mêmes, «une communauté sans protection policière accueillant tant de groupes violents ne peut être appelée à «résoudre ses propres problèmes» au nom de l’autodétermination autochtone, en particulier lorsque ces problèmes sont enracinés dans le colonialisme canadien et des décennies de politique du gouvernement fédéral.»[4]

Dans ce dossier qui traîne depuis trop longtemps, tout a été dit, discuté et écrit, le temps est maintenant à l’action et nous comptons sur vous pour être à la hauteur du mandat que nous vous avons confié.  Nous en ferez-vous la preuve avant le prochain appel aux urnes??

Si votre groupe ou organisme désire appuyer la lettre, écrivez-nous à info@eausecours.com

Summary:

We demand our elected representatives to present a plan to re-establish public safety in the region, and that this plan allows everyone to express themselves free from intimidation.

For security reasons, and to avoid any reprisals, the list of signatures will only be published once we have accumulated many signatories.

Monsieur Lafrenière,

Madame D’Amours,

Monsieur Garon,

Madame Hajdu,

we, the undersigned, wish to express our indignation at the shameful situation that persists in Kanehsatake, even though we know that you have the power to change things.

(signatures will follow)

In a public meeting held on June 12, 2023, deputy Sylvie D’Amours, the same who granted the permits for the G&R dump, explained to her constituents that she was meeting with Mr. Lafrenière on a daily basis to discuss the issue.

A year later, the same refrain is heard in La Presse. This time, the speakers for ministers Lafrenière and Hajdu insist that their cooperation is beyond reproach[1].

We applaud the decisions taken to decontaminate the G&R landfill, but the scale of the crisis in the community’s territory goes far beyond the simple decontamination of the site.

The health risks have been scientifically demonstrated. The concerns about the health and safety of the thousands of residents who live, draw water and farm around these contaminated landfills are well founded. Toxic leachate discharged into the Ottawa River poses a danger to humans and aquatic wildlife. There is an urgent need to react.

Today, it is clear that this physical and moral suffering is not heard. However, many have taken considerable risks to send you a heartfelt cry.[2] Breaking the silence, these courageous people remind us that no one can live or emancipate themselves in fear.[3]

The reign of organized crime and the impunity of acts committed before your eyes is intolerable, what are you waiting for to act? The Kanesata’kehró:non are threatened daily by the regime of fear they endure, yet they are not criminals and deserve to live in peace. Yes, we understand that any intervention carries risks, but what is left for citizens if even our law enforcement agencies don’t dare to intervene, or if politicians are more concerned with their image than respect for the law?

The lackadaisical attitude of elected representatives, who justify themselves behind a “so-called respect” for the community’s sovereignty, is clearly not yielding results, and is constantly opening the door to further damage. As the Kanesata’kehró:non themselves put it, “a community without police protection hosting so many violent groups cannot be expected to ‘solve its own problems’ in the name of aboriginal self-determination, especially when those problems are rooted in Canadian colonialism and decades of federal government policy.”[4]

The time has come for action, and we’re counting on you to live up to the mandate we’ve given you.  Will you prove it to us before the next call to the polls?