La pollution par les microplastiques

Les microplastiques constituent une source croissante de préoccupation environnementale et sanitaire qui fait de plus en plus les manchettes des médias. Ce polluant est maintenant présent dans l’air, les sols, la chaîne alimentaire et l’eau n’y échappe malheureusement pas. Cette pollution peut provenir autant de la dégradation des plastiques que de l’usage direct de certains produits. Mais au-delà des nouvelles parfois plutôt sensationnalistes, quelles sont les impacts réels de se polluant et comment faire pour limiter ses conséquences sur l’environnement et la santé humaine? Eau Secours vous propose un dossier complet sur la pollution par les microplastiques afin de vous offrir une source sûre à laquelle vous référer et de vous proposer des pistes d’action concrètes. Bonne lecture!

Comment en sommes-nous arrivés ici?

Au cours des dernières décennies, le plastique est devenu un matériau indispensable à la fabrication des objets que nous utilisons quotidiennement parce qu’il ne coûte pas cher, est léger, malléable, résistant aux chocs et durable. Toutefois, la pollution due au plastique est devenue un fléau mondial et ses effets se font sentir principalement dans les écosystèmes aquatiques et au niveau de la santé humaine.

Alors qu’en 1950 la production mondiale de plastique était d’environ 1,5 millions de tonnes/an (voir diagramme ci-dessous1), elle a cru de façon quasi-exponentielle au cours des décennies suivantes pour se rendre à 200 millions de tonnes aux abords des années 2000 et à près de 400 millions de tonnes en 20242.

Production mondiale de plastique entre 1950 et 2018

Dans un récent rapport3, l’OCDE a fait une projection de la quantité de plastique qui sera produite en 2040 si des mesures additionnelles ne sont pas prises pour modifier le cours des choses. Selon l’OCDE, la production mondiale devrait augmenter de 70 % d’ici 2040, par rapport à 2020, pour atteindre 735 millions tonnes/an. Dans le diagramme ci-dessous issu dudit rapport, on voit que la plus large part d’utilisation du plastique est attribuée au secteur des emballages.

Projection de la production de plastique en 2040

En fin de vie, une portion des déchets de plastique est incinérée ou se retrouve dans les sites d’enfouissement ; un faible pourcentage est également recyclé. Par exemple, on sait que depuis 2015, sur Terre, plus de 6,9 milliards de tonnes de déchets plastique ont été produites et seulement 9% de cette quantité a été recyclé, 12% a été incinéré et 79% a été accumulé dans des décharges ou dans la nature4. Une quantité importante des déchets plastiques se retrouve donc dans les milieux naturels. On estime qu’environ 7 milliards de tonnes de déchets plastiques se sont accumulées dans l’environnement à travers le monde depuis 19505

Au fil du temps, la fragmentation des déchets plastiques génère de minuscules particules appelées microplastiques (moins de 5 mm de diamètre) ou nanoplastiques (moins de 1 micromètre6). Les microplastiques s’accumulent de manière préoccupante dans les sols, les eaux souterraines et de surface, l’air intérieur et extérieur, l’eau potable et les aliments7. Ils ont, en quelques décennies, contaminé tous les océans et les espèces marines à tous les échelons de la chaîne alimentaire, d’un pôle à l’autre, jusque dans les grands fonds8.

Au rythme actuel, les océans pourraient contenir plus de plastique que de poissons à l’horizon 2050.9

Si l’on n’entend parler de la pollution par les microplastiques que depuis peu, c’est probablement parce que ce sont les accumulations visibles de plastique, tels les continents de plastique dans les océans, qui ont retenu toute l’attention auparavant. De plus, les méthodes pour mesurer les micro et nanoplastiques n’ont été développées que depuis peu. Par exemple, des résultats démontrant que le sang humain contient des particules de plastique ont été publiés pour la première fois en mars 2022 seulement10,11!

Quels sont les types de plastiques?

Il existe des milliers de types de plastiques différents12 pouvant comprendre, de plus, divers additifs chimiques afin de conférer au plastique de base des caractéristiques améliorées, tels des plastifiants, des retardateurs de flamme, des colorants, des agents biocides, etc. Les plastiques sont fabriqués en industrie, à base de pétrole ou de gaz naturel13

Les plastiques sont divisés en trois grandes familles : les thermoplastiques, les élastomères et les thermodurcissables14. Si l’on se réfère plutôt à la dénomination des molécules composant les matières plastiques, les principales qui sont produites dans le monde sont les suivantes: le poly(téréphtalate d’éthylène) (PET), le polyéthylène (PE) qu’il soit de haute ou de basse densité (PEHD ou PEBD), le polypropylène (PP), le polychlorure de vinyle (PVC) et le polystyrène (PS), molécules qui font toutes partie de la famille des thermoplastiques.

Les thermoplastiques sont les plastiques les plus répandus dans le monde, représentant plus des trois quarts de toutes les matières plastiques produites. Au Canada, cette statistique est semblable puisque près de 85% des objets de plastique fabriqués en 2019 étaient faits de thermoplastiques15. Les caractéristiques les plus recherchées de cette famille de plastique sont la malléabilité et la recyclabilité. Des exemples de produits courants sont illustrés à la figure 3 ci dessous16. On peut ajouter comme exemples de produits thermoplastiques une grande portion des jouets en plastique17 ainsi que les mégots de cigarettes18. Les thermoplastiques possèdent des codes destinés à faciliter leur recyclage et qui sont facilement reconnaissables: il s’agit des triangles composés de trois flèches qui sont apposés sur la plupart des produits plastiques et qui contiennent un chiffre, de 1 à 719

Principaux produits faits de thermoplastiques 

Les thermodurcissables sont des résines de plastique durcies de façon irréversible et qui ne sont pas recyclables. La résistance aux chocs et la grande intégrité structurelle des thermodurcissables les rendent utiles dans les secteurs de l’automobile, de l’électronique, de l’éclairage, de l’électroménager et de l’énergie. Des meubles, des embarcations nautiques et des articles de sport sont également fabriqués à partir de plastiques thermodurcissables.

Les élastomères sont déformables ont la capacité unique de subir de fortes déformations sous contrainte, puis de revenir à leur forme initiale lorsque la contrainte est relâchée. Ce sont des plastiques difficilement recyclables. On utilise les élastomères pour fabriquer bien évidemment des élastiques, mais aussi des pneus, des gants médicaux et des joints d’étanchéité.

D'où viennent les microplastiques?

Ce que l’on appelle “microplastiques” sont de minuscules morceaux de plastique de dimension de 5 millimètres ou moins. Les microplastiques peuvent prendre différentes formes, par exemple des fragments solides, des billes, des fibres, des filaments ou des particules de mousse20. Ils sont insolubles dans l’eau. Les particules faisant partie des microplastiques et ayant un diamètre de moins de 1 micromètre sont appelées “nanoplastiques”21.

Les microplastiques peuvent être de sources primaires ou secondaires. Les microplastiques primaires sont manufacturés en industrie sous leur taille microscopique afin d’être utilisés pour fabriquer des objets par moulage par injection de plastique22 ou pour être inclus dans certains produits de nettoyage, des engrais ou des peintures. Cette catégorie englobe également les particules de matières plastiques obtenues volontairement ou involontairement par abrasion (ou érosion) lors de la fabrication, l’usage ou l’entretien de certains objets de plastique. C’est le cas notamment de l’érosion de pneus lors du roulage ou bien de certaines fibres textiles synthétiques lors du lavage de nos vêtements et tissus23

Les microplastiques secondaires se forment principalement lors de l’oxydation de la matière plastique par les rayons ultraviolets (soleil), l’oxygène, le vent ou le mouvement des vagues24,25. Ils proviennent de déchets plastiques (contenants usagés de nourriture ou de boisson, mégots, engins de pêche abandonnés) mais également d’objets de plastique ayant un contact prolongé avec les écosystèmes naturels, tels le mobilier urbain ou de jardin, les embarcations en plastique et le matériel de pêche (Ex.: filets, cordages, casiers)26. 

On estime que la quantité de microplastiques secondaires varie d’un continent à un autre et est principalement le résultat de mauvaises pratiques de recyclage ou de gestion des déchets plastiques27. Le graphique adjacent nous montre cette différence. En effet, les régions du monde ayant peu de moyens pour gérer leurs déchets plastiques (p.ex. Afrique, Inde, Asie du Sud) présentent une quantité de déchets plastiques de toutes dimensions (colonnes bleues) très élevée comparée à leur quantité de microplastiques secondaires (colonnes orange). L’Amérique du Nord et l’Europe ont le problème inverse : autant de microplastiques secondaires qui polluent leurs milieux marins que de déchets plastiques divers.

Ce graphique montre que les actions à prioriser peuvent être variables selon l’endroit du monde où l’on se trouve et selon les budgets disponibles. Notons que ce graphique date de 2017 et que ces chiffres ont probablement changé suite à la mise en œuvre de règlements visant à réduire les objets de plastique à usage unique.

Quantité globale de plastiques (toutes catégories confondues) et de microplastiques secondaires dans les milieux marins (2017)

Pourquoi les microplastiques sont-ils un enjeu environnemental?

Les plastiques étant composés de molécules de grandes dimensions28, les microorganismes présents dans l’environnement n’ont pas la capacité de les biodégrader29, ou très peu. Les déchets plastiques finissent éventuellement par se décomposer en éléments naturels, mais cela peut prendre de 450 ans à des centaines de milliers d’années30,31. Pendant cette période, de multiples particules de plastique de plus en plus petites, ainsi que des additifs chimiques qui faisaient partie de la formulation initiale du plastique, se libèrent dans les écosystèmes naturels terrestres, aquatiques ou atmosphériques, multipliant la pollution initiale. 

Les microplastiques sont des particules tellement petites que divers organismes vivants, situés à différents niveaux de la chaîne alimentaire (p.ex. plancton, crustacés, poissons, oiseaux, etc.), peuvent les ingurgiter à la place de leur nourriture habituelle. Il a été démontré que dans les écosystèmes aquatiques, les microplastiques sont bioaccumulables, se concentrant ainsi dans les espèces situées au sommet de la pyramide alimentaire32,33.

Les principaux effets connus liés à la présence physique de microplastiques dans les écosystèmes aquatiques sont 34,35:

  • ⇨ une diminution de la photosynthèses des plantes et du phytoplancton;
  • ⇨ une modification de la densité et de la qualité des excréments du zooplancton (aliments pour d’autres organismes marins);
  • ⇨ une atteinte de la fonction digestive d’organismes vivants tels les crustacés, les poissons et les mammifères et oiseaux marins, limitant leurs fonctions biologiques générales telles que leur déplacement et leur capacité de défense;
  • ⇨ la perturbation des écosystèmes marins ou d’eau douce par la capacité des particules de plastique à transporter et disperser à grande échelle, puisque que non biodégradables, des espèces “exotiques” qui peuvent devenir invasives si elles se retrouvent dans des sites qui étaient exempts de ces espèces auparavant.

Greenpeace estime qu’à l’échelle de la Terre, environ 1 million d’oiseaux et 100 000 mammifères marins meurent chaque année de l’ingestion de plastiques36.

En plus de la dangerosité physique inhérente aux microplastiques, les produits chimiques ajoutés aux matériaux plastiques durant leur production, tels que retardateurs de flammes, plastifiants ou pigments, peuvent engendrer une toxicité additionnelle dans le milieu récepteur en étant relargués pendant l’immersion du plastique dans les milieux naturels. Des scientifiques ont démontré que les objets de plastique neufs sont plus toxiques dans ce domaine, puisqu’ils relarguent davantage de molécules chimiques que les objets usés37.

Un exemple de produits chimiques relargués par les microplastiques et ingérés par des organismes marins sont les phtalates38,39 qui sont utilisés, entre autres, pour améliorer la souplesse du PVC. Les phtalates sont des perturbateurs endocriniens, c’est-à-dire que leur structure chimique est semblable à celle de certaines hormones et peuvent par le fait même affecter la fonction reproductive des organismes vivants40.

Un autre exemple de produits chimiques nocifs qui peuvent se libérer dans l’environnement à partir de microplastiques sont les SPFA (substances perfluoroalkyliques aussi nommés “polluants éternels”). On ne connaît pas encore l’étendue des effets des SPFA sur les écosystèmes marins en raison du manque d’études et de la complexité de la contamination41,42,43, mais les résultats rapportés dans les études scientifiques jusqu’à maintenant indiquent des effets importants sur l’ensemble des écosystèmes, incluant des effets sur la croissance, la reproduction et le développement des organismes étudiés44.

La destination finale des microplastiques présents dans les écosystèmes naturels, si ceux-ci ne sont pas retenus dans les sols ou dans les sédiments des lacs ou des cours d’eau, est l’océan. D’énormes masses flottantes constituées de déchets plastiques se sont agglomérées dans les océans au fil des dernières décennies. La plus grande est située dans le Pacifique Nord et elle est tellement volumineuse (1 600 000 km2) qu’on la dénomme le continent de plastique ou le septième continent.

Malheureusement, ces îles de plastique ne représentent que la pointe de l’iceberg. En effet, un groupe de chercheurs a estimé à 99,8% de la quantité totale des déchets plastiques des océans se retrouvant dans les sédiments sous forme de microplastiques. La portion flottante des déchets plastiques marins correspondrait par conséquent à seulement 0,2%. Ces mêmes chercheurs ont estimé de façon conservatrice que 170 millions de tonnes de plastique (sans compter les fibres) ont été accumulées dans les sédiments marins entre 1950 et 201045.

“Quand on voit un gros déchet (macroplastique) on peut se dire  qu’il y en a environ 10 fois plus de petits (microplastiques)46.

On estime aujourd’hui que plus de 77% des microplastiques sont issus de nos activités domestiques quotidiennes alors que 23% sont issus d’activités industrielles47. La pollution engendrée par les microplastiques se fait donc principalement par sources diffuses, ce qui en fait un enjeu environnemental d’autant plus difficile à gérer.

Les microplastiques dans le corps humain

Les principales sources de particules de plastique dans le corps humain sont l’inhalation de particules dans l’air, l’ingestion de poissons et fruits de mer, d’eau ainsi que de nourriture et boissons contaminées par des emballages ou contenants en plastique48. Les sources de contamination de la nourriture et des boissons sont principalement le chauffage au micro-ondes et l’entreposage dans des contenants inappropriés49. La majorité des microplastiques ingérés sont toutefois rejetés par le corps humain par l’intermédiaire du système digestif.

Les poches de thé ou de tisane en nylon ou en PET ont spécifiquement fait l’objet d’une étude par l’université McGill en 2019. Les résultats montrent que l’infusion de ce type de poches dans de l’eau bouillante relargue des milliards de micro et de nanoplastiques. Ces niveaux sont plusieurs ordres de grandeur plus élevés que ceux mesurés dans d’autres aliments et boissons étudiés dans le cadre de d’autres études50.

Le graphique ci-dessous compare les moyennes de particules contenues dans plusieurs aliments et boissons consommés par les humains, ainsi que dans l’air qu’ils respirent, chiffres obtenus dans le cadre d’une étude américaine réalisée en 2019. On peut y voir que l’eau embouteillée constitue une source importante de microplastiques. 

Les microplastiques dans l’eau potable

Selon les résultats de l’étude citée ci-dessus, boire uniquement de l’eau provenant de bouteilles de plastique peut constituer près de la moitié de l’ingestion totale chez un humain. Cette proportion est beaucoup moindre (moins de 5%) si la source unique d’eau est un aqueduc municipal52.

En 2018, deux groupes de chercheurs ont analysé les quantités de microplastiques dans de l’eau embouteillée. Bien que leur étude respective ait comporté des différences méthodologiques, les conclusions ont mené à des résultats similaires, soit que l’emballage de l’eau dans des bouteilles de plastique génère une contamination aux microplastiques, que ce soit par l’intermédiaire du bouchon (PP et PE) ou de la bouteille (PET)53,54.

Les impacts sur la santé humaine

Les données actuelles indiquent que l’absorption passive de microplastiques est loin d’être anodine, car ceux-ci ont maintenant été détectés dans l’ensemble du corps humain. Récemment, des chercheurs américains ont étudié des dizaines de cerveaux de personnes décédées. Les chercheurs ont trouvé des microplastiques dans chacun d’eux, sans exception. Ils affirment qu’en moyenne, 0,5% du poids de chaque encéphale était attribuable aux micro- et nanoplastiques ayant passé la barrière hémato-encéphalique pour s’y loger durablement. Cela signifie qu’un cerveau adulte moyen contenait l’équivalent, en matière plastique, de près de deux cuillères à usage unique, ou de deux personnages LEGO55.

L’impact des microplastiques sur la santé humaine est encore mal compris, mais elles interfèrent possiblement avec le fonctionnement de certains organes, dont le cerveau, et avec celui du système reproducteur. Elles pourraient aussi avoir des propriétés cancérogènes et être une source de stress oxydatif56. D’autres études mentionnent un risque plus élevé d’accidents cardiovasculaires ou de développer la maladie d’Alzheimer57. De plus, la contamination associée aux additifs chimiques contenus dans les particules de plastique (Ex.: phtalates, bisphénol A), telle que décrite pour les organismes aquatiques plus haut, existe également chez les humains.

Un autre phénomène inquiétant lié aux microplastiques a été découvert récemment. Il s’agit de la capacité des particules de plastique de transporter d’autres molécules toxiques, comme des pesticides, des hydrocarbures ou des métaux, vers certains organes du corps humain58

La réglementation relatives aux microplastiques

Ces dernières années, les découvertes sur la contamination aux microplastiques ont généré des craintes à la population et aux gouvernements et différentes actions ont été mises en œuvre. Parmi celles-ci, on peut nommer les règlements fédéraux interdisant les produits de toilette contenant des microbilles59 et les plastiques à usage unique60. Un autre exemple d’initiative plus locale est la réglementation de la Ville de Montréal61 et de d’autres municipalités du Québec afin d’interdire les sacs et certains contenants en plastique à usage unique.

Certains résultats liés à ces réglementations sont mitigés, car remplacer des produits plastiques par d’autres produits en papier, en carton ou en fibres synthétiques peut apporter d’autres types de pollution (Ex.: fabriquer un sac en papier kraft demande beaucoup plus d’énergie que fabriquer un sac d’épicerie en PEHD)62. C’est pourquoi en tant que citoyen ou citoyenne, il faut garder en tête l’objectif premier de ces règlements, qui est de réduire le plastique, et apporter soi-même ses sacs réutilisables à l’épicerie ou au restaurant!

En ce qui concerne l’eau potable, des normes pour encadrer davantage les microplastiques sont actuellement à l’étude aux États-Unis, au Canada et dans l’Union européenne63,64,65. La réglementation des microplastiques dans l’eau potable prend du temps. En effet, il y a toujours plusieurs étapes préalables à l’encadrement normatif d’un nouveau contaminant. Il faut tout d’abord développer une méthode fiable et précise pour les mesurer. Il faut ensuite mesurer ces contaminants dans plusieurs sources d’eau représentatives afin d’évaluer la fourchette de contamination à traiter, puis identifier les solutions de traitement faisables aux niveaux techniques et économiques. En parallèle, les recherches sur les impacts des microplastiques sur la santé doivent continuer afin d’alimenter la définition des normes. Au bout de ce processus qui comprend au moins quelques années, il sera possible pour les gouvernements d’identifier des normes qui devront être respectées par tous les fournisseurs d’eau potable. Dans le cas des microplastiques, ce sont les plus petites particules, soit les nanoplastiques, qui posent le plus grand défi de décontamination. En effet, les systèmes actuels retiennent les microparticules avec une grande efficacité66.

Toutefois, la décontamination a toujours un coût et les normes relatives aux microplastiques dans l’eau potable impliqueront dans la prochaine décennie des investissements de plusieurs milliards de dollars dans les systèmes de traitement des eaux67, coûts qui seront transférés dans les impôts et taxes des citoyens et citoyennes bien sûr! 

Actions individuelles pour minimiser les impacts des microplastiques

Face à toutes ces informations, il est normal de sentir un certain sentiment d’impuissance. Mais rassurez-vous! Il est possible de mettre en place des mesures dans votre quotidien pour limiter les impacts des microplastiques. 
Voici quelques actions que nous avons sélectionnées parce qu’elles sont non seulement réalistes mais parce qu’elles apportent un véritable impact positif sur la santé de l’environnement et de la population.

Actions pour mieux protéger l’environnement et les écosystèmes aquatiques

1

Utiliser le moins possible de contenants, emballages, sacs ou autres objets de plastique. Utiliser les objets de plastique dont vous avez besoin jusqu’à la fin de leur vie utile. 

2

Ne mettre nulle part ailleurs qu’au recyclage et à la consigne les objets de plastique qui ne sont plus bons, en respectant les directives de votre municipalité. Utiliser la poubelle en dernier lieu. Ne jamais utiliser un environnement naturel comme lieu de dépôt final.

3

Si possible, remiser les embarcations, jouets, mobilier et tout autre objet de plastique qui est utilisé pour des activités de plein-air dans un cabanon ou autre endroit fermé pendant la saison froide. 

4

Afin de minimiser la production de microfibres de plastique, utiliser les vêtements faits de fibres synthétiques (Ex.: polar, nylon) jusqu’à la fin de leur vie utile. Laver ces vêtements seulement lorsque nécessaire, à l’eau froide et dans une laveuse à pleine charge68. Les sécher sur un sèche-linge ou une corde à linge. 

5

Ne pas jeter ses mégots de cigarette sur le sol, dans les égouts ou dans l’eau; les récupérer dans un cendrier de poche. 

6

Ne pas utiliser d’éponges ou autres lavettes en matières plastiques (Ex.: éponges magiques69). Utiliser le plus possible des linges en tissu non faits de fibres synthétiques (luffa, fibre de coco, brosse en crin).

Actions pour mieux protéger votre santé

1

Boire de l’eau provenant du réseau municipal et non pas de l’eau embouteillée70. La quantité de polluant dans l’eau municipal reste minime, mais si vous avez des doutes, utiliser plutôt un système de filtration en vous assurant de choisir un modèle durable afin de réduire la production de déchets au maximum.  Ce ne sont pas tous les filtres qui peuvent retirer les microplastiques et nanoplastiques. Vérifiez auprès du fabriquant. 

2

Ne pas consommer de thé ou de tisane se présentant dans une poche de nylon ou de PET. 

3

Ne pas cuire ou réchauffer au four micro-ondes de la nourriture ou des boissons dans des contenants en plastique. Privilégier des contenants en pyrex ou de la vaisselle de porcelaine. Ne pas chauffer le lait des nourrissons dans des biberons ou des sachets de plastique.

4

Ne pas utiliser de contenants en plastique à usage unique (Ex.: pots de yogourt, bouteille de plastique ayant contenue de l’eau embouteillée) pour conserver de la nourriture ou de l’eau. Privilégier des contenants en plastique multi-usages, en verre, en acier inoxydable ou en silicone de qualité alimentaire71

5

Nettoyer régulièrement la poussière domestique avec un linge humide puisque celle-ci contient des microplastiques72. Cette pratique aiderait à minimiser l’inhalation de particules de microplastiques.

Références

  1.  Graphique: 70 ans d’industrie plastique | Statista, 10 janv. 2020
  2.  Occurrences, sources, fate and impacts of plastic on aquatic organisms and human health in global perspectives: What Bangladesh can do in future? Environ. Geochem. Health, 2 juin 2023
  3.  Scénarios d’action pour l’élimination de la pollution plastique à l’horizon 2040, OCDE, 2 oct. 2024
  4. Le plastique en 10 chiffres | National Geographic, site consulté le 12 mai 2025
  5. Des microplastiques dans le cerveau | Le Journal de Montréal, 2 mars 2025
  6. 1 micromètre (μm) = 1 millionième de mètre ou 10-6 mètre
  7. Pollution plastique – fiche d’information – Canada.ca, Santé Canada
  8.  Microplastique — Wikipédia
  9. Pollution marine : données, conséquences et nouvelles règles européennes (infographie) | Thèmes | Parlement européen
  10.  Des microplastiques identifiés dans le sang humain pour la première fois, 30 mars 2022
  11.  Discovery and quantification of plastic particle pollution in human blood – ScienceDirect
  12.  Types of Plastic: How Many Kinds of Plastics are There?, Association canadienne de l’industrie du plastique
  13.  Fiche sur les plastiques, Association canadienne de l’industrie de la chimie
  14.  Les grandes familles de plastiques – ADEME Infos, juin 2023
  15.  Fiche sur les plastiques, Association canadienne de l’industrie de la chimie
  16.  Les grandes familles de plastiques – ADEME Infos, juin 2023
  17.  Les plastiques chamboulent l’industrie du jouet – Plastics le Mag
  18.  Matière plastique — Wikipédia
  19.  Fiche sur les plastiques, Association canadienne de l’industrie de la chimie
  20.  Microplastiques, Pêches et Océans Canada
  21.  Les nanoplastiques sont inclus dans le groupe des microplastiques; nous allons par conséquent utiliser seulement le terme “microplastique” dans le texte ci-dessous, à moins qu’il soit question précisément de nanoplastique. 
  22.  Injection plastique et thermoplastique – Guide
  23.  La vie nomade des microplastiques
  24.  Microplastique — Wikipédia
  25.  Microplastiques et nanoplastiques. Quels impacts sur la vie marine ? | Ifremer
  26.  Microplastiques, Pêches et Océans Canada
  27.  La vie nomade des microplastiques
  28.  Par exemple, la taille d’une molécule de polyéthylène peut varier entre quelques nanomètres à plusieurs dizaines de nanomètres, ce qui est beaucoup à l’échelle des atomes et molécules. À titre de comparaison, une molécule d’eau a une dimension de 0,3 nanomètre.
  29.  Why isn’t plastic biodegradable?, Ohio State News, 3 juin 2022
  30.  Ibid.
  31.  Le plastique en 10 chiffres | National Geographic
  32.  Microplastics in the Great Lakes: Environmental, Health, and Socioeconomic Implications and Future Directions, 31 octobre 2022
  33.  Hundreds of fish species, including many that humans eat, are consuming plastic, 9 février 2021
  34.  Microplastique — Wikipédia
  35.  Microplastiques et nanoplastiques. Quels impacts sur la vie marine ? | Ifremer
  36.  Pollution: tout savoir sur les continents de plastique | Agence Science-Presse
  37.  Microplastiques et nanoplastiques. Quels impacts sur la vie marine ? | Ifremer
  38.  Are baleen whales exposed to the threat of microplastics? A case study of the Mediterranean fin whale (Balaenoptera physalus) – ScienceDirect, 2012
  39.  Microplastiques et nanoplastiques. Quels impacts sur la vie marine ? | Ifremer
  40.  Les perturbateurs endocriniens en milieu marin, décembre 2017
  41.  Polluants éternels : le milieu marin n’échappe pas à la contamination par les PFAS, 4 avril 2024
  42.  The effects of exposure to environmentally relevant PFAS concentrations for aquatic organisms at different consumer trophic levels: Systematic review and meta-analyses – ScienceDirect, 15 déc. 2022
  43.  Ébauche du rapport sur l’état des substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques (SPFA), mai 2023
  44.  Ibid.
  45.  Ocean sediments as the global sink for marine micro‐ and mesoplastics – Limnology and Oceanography Letters, 2022
  46.  Microplastiques et nanoplastiques. Quels impacts sur la vie marine ? | Ifremer, Citation du chercheur en physiologie et biologie marine Arnaud Huvet 
  47.  La vie nomade des microplastiques
  48.  Des microplastiques dans le cerveau | Le Journal de Montréal, 2 mars 2025
  49.  Faut-il avoir peur des contenants en plastique? 15 septembre 2023
  50.  Plastic Teabags Release Billions of Microparticles and Nanoparticles into Tea | Environmental Science & Technology
  51.  Graphique: Les microplastiques ingérés au quotidien | Statista, 1er avril 2022
  52.  Human Consumption of Microplastics | Environmental Science & Technology, 5 juin 2019
  53.  Frontiers |Synthetic Polymer Contamination in Bottled Water, 10 septembre 2018
  54.  Analysis of microplastics in water by micro-Raman spectroscopy: Release of plastic particles from different packaging into mineral water – ScienceDirect, 1er février 2018
  55.  La part plastique de nous, 1er septembre 2024
  56.  Des particules de microplastiques se rendent jusqu’au placenta, confirme une étude, 29 fév.2024
  57.  Des microplastiques dans le cerveau, 2 mars 2025
  58.  Des particules de microplastiques se rendent jusqu’au placenta, confirme une étude, 29 fév. 2024
  59.  Règlement sur les microbilles dans les produits de toilette
  60.  Règlement interdisant les plastiques à usage unique
  61.  Sacs de plastique : ce que vous devez savoir sur la réglementation | Ville de Montréal
  62.  ACV des sacs d’emplettes au Québec, CIRAIG, décembre 2017
  63.  Traitement des eaux | Le casse-tête financier des nouveaux polluants, 11 mai 2025
  64.  Faut-il avoir peur des microplastiques dans l’eau potable?, 28 avril 2024
  65.  Microplastics Drinking Water | California State Water Resources Control Board
  66.  Faut-il avoir peur des microplastiques dans l’eau potable ?, 28 avril 2024
  67.  Traitement des eaux | Le casse-tête financier des nouveaux polluants, 11 mai 2025
  68.  Polyester, nylon, acrylique: nos vêtements rejettent du plastique. Que faire pour l’éviter? | Le Devoir
  69.  Des scientifiques déconseillent l’usage de l’éponge magique
  70.  Les bouteilles en plastique – dangers et risques de réutilisation
  71.  Non, conserver des aliments dans un plat de margarine n’est pas une bonne idée, voici pourquoi
  72. Des microplastiques dans le cerveau | Le Journal de Montréal, 2 mars 2025