2025-02-25 Stablex

Une coalition de groupes demande la fin de l’importation massive de déchets dangereux provenant des États-Unis

25 février 2025

Montréal, le 25 février 2025 – Une coalition de groupes environnementaux, qui suit de près la situation de la gestion des déchets dangereux au Québec depuis plusieurs années, est choquée par les informations rendues publiques aujourd’hui dans un article du Journal de Montréal. Les groupes déplorent la complaisance du gouvernement du Québec face aux entreprises américaines et réclament des actions concrètes de sa part en plus d’une prise de position forte du gouvernement du Canada dans le dossier. 

Les déchets des pires pollueurs des États-Unis

L’article démontre clairement que le Québec reçoit des déchets des entreprises et des sites les plus polluants de l’est des États-Unis. Une analyse des données d’importation des déchets dangereux effectuée par le groupe démontre que le Québec a reçu 58% de tous les déchets importés au Canada à partir des États-Unis entre 2018 et 2022 (tableau 1). Cette analyse a également permis de produire une carte projetant la provenance des déchets américains acheminés au site de Stablex à Blainville ainsi qu’une liste détaillant les entreprises américaines qui transfèrent des déchets à partir des États-Unis vers ce site qui, selon les données déclarées, reçoit près de 50% de tous les déchets américains exportés vers le Québec (tableau 2). 

« Avec ces nouvelles données rendues publiques aujourd’hui, on comprend que le Québec est réellement la poubelle toxique de l’Amérique du Nord. Ce sont des quantités énormes de matières dangereuses qui circulent en tout temps sur le sol québécois et qui sont mal traitées et enfouies dans nos milieux de vie, » se désolent les groupes. 

L’analyse effectuée démontre également que plusieurs entreprises établies au Québec importent de grandes quantités de déchets dangereux (tableau 1). Certaines d’entre elles sont bien connues du public comme Glencore qui opère la fonderie Horne à Rouyn-Noranda, mais plusieurs restent inconnues alors qu’elles reçoivent des quantités importantes de matières contaminées. 

« Les Québécois et Québécoises sont en droit de savoir quelles matières circulent dans leur milieu de vie et les risques liés à la gestion de ce type de déchets. Il est temps de lever le voile sur cette pratique et de questionner sérieusement nos décideurs, » affirment les groupes. 

Que les responsables de Stablex affirment fièrement que l’entreprise n’a accueilli que 17 % de déchets américains en 2024 n’est d’ailleurs pas du tout rassurante pour les groupes. Selon eux, tant qu’il n’y aura pas de contrainte gouvernementale pour contrôler, limiter ou carrément empêcher l’importation des déchets dangereux, l’entreprise est libre d’importer autant qu’elle veut des États-Unis selon les demandes du marché.

Québec déroule encore le tapis rouge aux entreprises américaines

La semaine dernière, La Presse nous confirmait que le gouvernement du Québec forcera la Ville de Blainville à vendre un terrain à l’entreprise américaine Stablex qui exploite un site d’enfouissement de déchets dangereux depuis plus de 40 ans dans cette municipalité. Québec se prépare donc à plier aux demandes et chantage d’une compagnie américaine afin qu’elle puisse continuer de générer des profits en important des quantités massives de déchets américains. Par une loi spéciale, Québec ignorerait complètement les souhaits de la municipalité et de la population locale qui a manifesté son désaccord au projet d’expansion de l’entreprise à de nombreuses reprises. 

« Notre gouvernement déroule le tapis rouge pour une entreprise américaine dans un contexte de guerre tarifaire alors que la population se montre solidaire aux entreprises d’ici en boycottant les produits américains. Un élément de preuve supplémentaire quant à la déconnexion complète de notre gouvernement face à la réalité économique et aux souhaits de sa population, » déplorent les groupes. 

Pour rappel, à la suite d’une enquête du média The Guardian, montrant comment le Mexique et le Canada reçoivent des quantités énormes de déchets dangereux, le gouvernement du Mexique est intervenu immédiatement auprès de l’entreprise polluante, allant même jusqu’à fermer l’usine le temps d’éclaircir la situation. 

« Le Mexique, de son côté, intervient tout de suite pour rectifier une situation de pollution liée à l’importation de déchets dangereux américains. Au Québec, après qu’une campagne d’échantillonnage ait démontré des seuils de contamination inquiétants, notre gouvernement déroule le tapis rouge à Stablex, » critiquent les groupes. 

Des actions concrètes possibles dès maintenant

Selon les groupes, les deux paliers gouvernementaux ont la possibilité de réagir rapidement à la situation actuelle, et ce faisant, peuvent améliorer significativement la situation de la gestion des déchets dangereux au Québec et limiter les risques. 

Le gouvernement du Canada doit profiter du contexte actuel de tension économique avec nos voisins du sud pour prendre position fortement et mettre fin à l’importation MASSIVE de déchets dangereux en provenance des États-Unis.

Au niveau provincial, Québec doit respecter les souhaits de la ville de Blainville et de sa population locale et laisser tomber toute manœuvre pour forcer le transfert de propriété entre Blainville et Stablex, que ce soit par expropriation ou par un projet de loi spéciale. Ensuite, il doit déclencher un BAPE générique sur la production et la gestion des déchets de matières dangereuses au Québec. Cette demande, portée par les groupes depuis la présentation du projet d’agrandissement de Stablex en 2023, est appuyée par le BAPE, l’UMQ, la CMM, la Ville de Blainville ainsi que les groupes citoyens locaux. 

Les groupes formant la coalition sont: Eau Secours, le Mouvement d’action régional en environnement (MARE), la Société pour vaincre la pollution (SVP), Mères au Front – Rivière des Mille-Îles et la Coalition Alerte à l’enfouissement Rivière-du-Nord (CAER). 

– 30 –

Documents démontrant les analyses des groupes

Contact média

Mathieu Langlois
Responsable des communications, Eau Secours
514 588-5608
communications@eauscours.org

Comments are closed.