17 mars 2022
Montréal – En mai 2021, la gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, a ordonné la fermeture de l’oléoduc Ligne 5 d’Enbridge en raison du risque qu’il pose pour les Grands Lacs. Son ordonnance faisait écho aux revendications des Premières Nations Anishinaabe qui tentent de fermer ce pipeline depuis 2017 parce qu’une fuite détruirait leur mode de vie.
Aujourd’hui, 35 organismes (28 du Québec) dont Équiterre, la Fondation David Suzuki, Eau Secours, le Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec et le Conseil des Canadiens ont signifié leur soutien à la fermeture de l’oléoduc 5 dans une lettre. Leur message est clair : ce pipeline est trop dangereux et les Canadiens et Canadiennes qui luttent pour le garder ouvert ne parlent pas en notre nom.
« Aucune façon de transporter du pétrole n’est pleinement sécuritaire, mais l’oléoduc Ligne 5 est clairement la pire option sur la table. Il serait irresponsable de risquer que ce pipeline désuet provoque un déversement dans les Grands Lacs alors que des solutions alternatives existent à court terme. Cette situation est un énième rappel de l’importance pour le Québec et le Canada de sortir rapidement de leur dépendance aux hydrocarbures en misant sur la sobriété énergétique, les énergies renouvelables et l’électrification. » indique Émile Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques chez Équiterre
La Ligne 5 repose au fond du détroit de Mackinac qui relie les lacs Huron et Michigan. Le tuyau de 69 ans a déjà été frappé 3 fois par des ancres de bateau et a déversé au moins 4,6 millions de litres de pétrole au cours des 50 dernières années. Une fuite au détroit de Mackinac contaminerait les Grands Lacs qui représentent 20 % de l’eau potable de surface de la planète. L’oléoduc entre au Canada à Sarnia, où une grande partie du pétrole qu’il transporte est transférée à l’oléoduc 9 d’Enbridge qui traverse l’Ontario et le Québec.
“Cette conduite est vermoulue, décatie, mal située et hors d’usage. Avec plus de 10 millions de Canadiens et Américains s’abreuvant de l’eau des Grands Lacs, l’utilisation de cet oléoduc doit cesser dans les plus brefs délais. Les quelques années de vie d’une canalisation ne justifient en aucun cas les risques irréversibles et permanents d’une contamination aux hydrocarbures de notre ressource en eau potable !” remarque Rébecca Pétrin, directrice générale d’Eau Secours.
Au mépris du décret de l’État du Michigan et de la demande du peuple Mashkiiziibii, aussi connu sous le nom de communauté Chippewa de Bad River, Enbridge a maintenu l’oléoduc 5 en service avec l’appui enthousiaste de tous les niveaux de gouvernement au Canada. Ils soutiennent que son importance économique l’emporte sur les risques et que le pipeline est sécuritaire malgré son âge et ses antécédents de fuites. Enbridge s’est engagé à rediriger et à enfermer le tuyau vieillissant dans un tunnel, mais les opposants disent que c’est trop peu, trop tard. Le risque de rupture est immédiat et les effets seraient catastrophiques. À la suite des audiences publiques qui se sont terminées aujourd’hui, le ministre des Ressources naturelles du Wisconsin se prononcera bientôt sur le nouveau tracé proposé par Enbridge pour l’oléoduc 5.
La lettre, avec une liste croissante de signataires, a été lue le 2 février lors des audiences publiques sur le nouveau tracé proposé de l’oléoduc 5, qui se sont terminées aujourd’hui. Elle soutient les communautés autochtones qui s’opposent à ce tracé parce qu’il menace leur vie et leurs territoires et parce qu’elles veulent protéger l’écosystème des Grands Lacs.
La lettre soutient la gouverneure du Michigan qui craint que le pipeline puisse rompre d’un jour à l’autre. Elle demande aux gouvernements du Canada et du Québec de faire passer la santé et l’environnement avant les énergies fossiles et de trouver de nouvelles solutions aux besoins énergétiques du Canada et du Québec.
Les signataires souhaitent que leurs élus ferment l’oléoduc 5 et voient dans cette fermeture une opportunité de réduire radicalement notre dépendance aux énergies fossiles pour éviter des changements climatiques catastrophiques. Ils soulignent que la pandémie prouve que nous pouvons entreprendre d’énormes changements en peu de temps.
« Guerres — Ukraine, Irak ou Yémen —, déversements, contaminations, catastrophes, dont celle du climat de la planète entière, le pétrole est depuis longtemps source de conflits et de dévastation, rappelle Philippe Duhamel, porte-parole du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec. Fermer pour de bon le robinet des pipelines, à commencer par les plus vieux, les plus dangereux, qui menacent notre eau comme notre vie, doit se faire au plus vite, dit-il. C’est pourquoi nous signifions aujourd’hui à tous ceux qui cherchent encore à défendre les oléoducs 5 et 9b : vous ne parlez pas en notre nom. »
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NOTES AUX ÉDITEURS
Lettre disponible ici
Background : rapport d’Environmental Defence sur la Ligne 5
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