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Journée mondiale de l’eau 2024: Que pouvons-nous faire de plus au Québec pour protéger l’eau?

22 mars 2024

Nous avons certainement de la chance au Québec de pouvoir compter sur les réserves d’eau douce parmi les plus importantes au monde. Mais ce privilège vient avec de grandes responsabilités. 

Nous connaissons un déficit de neige tellement important cette année sur l’ensemble du territoire québécois que la SOPFEU se prépare déjà pour une saison intense de feux de forêt et que plusieurs agriculteurs craignent le pire. De plus, les problématiques d’accès à l’eau se multiplient rapidement dans le monde. Celles-ci sont accentuées par la convergence des impacts de la crise climatique et de la demande croissante pour la ressource – stimulée, entre autres, par l’accélération de l’extraction des ressources naturelles pour alimenter une croissance économique sans fin. 

Dans ce contexte, est-ce que le Québec en fait assez pour sécuriser l’accès à l’eau potable pour sa population et pour les générations futures? Voilà la question que nous nous posons en cette Journée mondiale de l’eau 2024 – sous le thème L’eau pour la paix.

Le thème est bien choisi. L’accès à l’eau douce mène à des conflits et l’atteinte au droit à l’eau en est une conséquence inévitable. Selon le Pacific Institute, un organisme américain qui travaille pour la sauvegarde de l’eau, les conflits liés à cette ressource connaissent une importante augmentation depuis 2010. Avec cette thématique, les Nations Unies plaident plutôt pour la coopération autour du partage des sources d’eau. Nous ne pouvons qu’être d’accord!  

Nous devons casser dès maintenant le mythe de l’eau inépuisable au Québec et éviter à tout prix de continuer à la gaspiller aveuglément. Alors que les impacts de la crise climatique se font de plus en plus sentir, la demande pour l’eau ne cesse d’augmenter. Chez nous, lorsque la ressource est mal gérée, menant à des problématiques en approvisionnement pour certaines personnes ou secteurs d’activités, on parle de conflits d’usage. À Eau Secours, nous suivons de près ces situations, et nous constatons qu’elles sont en hausse. 

Le Québec s’est doté d’outils législatifs, réglementaires et stratégiques au fil des années pour améliorer la gestion de l’eau douce (notamment grâce aux pressions d’organismes comme Eau Secours et de gens mobilisés comme vous!). Nous faisons même l’envie de plusieurs nations du monde dans certains domaines. Nous pouvons penser notamment à nos infrastructures d’eau ainsi qu’à la reconnaissance, inscrite dans la loi, de l’eau comme bien commun. Mais à plusieurs égards, nous sommes les mauvais élèves. Nous avons donc encore beaucoup de chemin à parcourir.

Des solutions s’offrent à nous

Plusieurs solutions accessibles existent pour assurer dès maintenant l’accès à l’eau pour les générations futures. Du bannissement des bouteilles d’eau en plastiques à la protection des milieux humides, en passant par l’investissement dans nos infrastructures d’eau, les options sont nombreuses – tout ce qui nous manque est un peu de volonté politique! (Et un solide coup de pouce d’Eau Secours et de vous à nos côtés! 😉 ) 

Dans l’esprit de la thématique de 2024 de la Journée mondiale de l’eau, nous proposons ci-dessous, 8 pistes de solutions pour notre gouvernement selon 3 axes d’interventions: Encadrer davantage les prélèvements d’eau par les industries, Soutenir l’eau municipale, Prioriser l’accès à l’eau potable plutôt que le développement économique. Nous comptons sur votre appui dès cette année pour faire pression sur notre gouvernement afin qu’il améliore davantage la saine gestion de l’eau au Québec!

Pistes de solutions

Encadrer davantage les prélèvements d’eau par les industries

Solution 1: Augmenter davantage les redevances sur l’eau pour les industries

En juin 2023, le gouvernement du Québec a adopté la Loi instituant le Fonds bleu et modifiant d’autres dispositions. Cette loi visait, entre autres, à augmenter les redevances sur l’eau et à réduire le seuil de déclaration des prélèvements ainsi qu’à rendre publiques les données de prélèvement d’eau par les industries. C’était une excellente nouvelle pour nous qui luttons depuis plusieurs années pour ces modifications essentielles. 

Cependant, le gouvernement n’est pas allé assez loin. Le coût de la redevance pour certains secteurs industriels est à seulement 35$ pour 1 million de litres d’eau, ce qui est loin d’accomplir l’objectif visé de dissuader la surconsommation. Le gouvernement a même le pouvoir de réduire les quantités autorisées à être prélevées dans les permis d’autorisation directement.  En souhaitant épargner les richissimes industries consommatrices d’eau, non seulement le gouvernement se prive d’un revenu pouvant être réinvesti dans la protection de l’eau, mais il perpétue le mythe que l’eau du Québec n’a que peu de valeur et que c’est le bar ouvert au Québec pour l’industrie.

Solution 2: Réduire le seuil de déclaration des prélèvements

La nouvelle loi de juin dernier a fait passer le seuil de déclaration des prélèvements d’eau de 75000 à 50000 litres par jour. Avec cette modification, seulement environ 1,5% des entreprises du Québec s’ajoutent aux entreprises devant déclarer leurs prélèvements. Ce n’est clairement pas suffisant pour avoir un portrait complet de la consommation d’eau dans la province. Eau Secours continuera de militer pour que le seuil de déclaration soit abaissé à 20 000 litres d’eau prélevés par jour.

Soutenir l’eau municipale

Solution 3: Bannir les petites bouteilles d’eau à usage unique

Lors de l’adoption de la Loi instituant le Fonds bleu et modifiant d’autres dispositions, le ministre de l’Environnement M. Benoit Charette, s’est engagé à bannir les petites bouteilles d’eau jetables qui sont remplies à même les aqueducs municipaux. C’est un excellent engagement, mais nous attendons toujours sa mise en œuvre. Nous militerons pour que cette mesure s’applique le plus largement possible afin de réduire le plus de pollution par le plastique et de gaspillage d’eau. 

Solution 4: Investir davantage dans nos infrastructures d’eau

Nos infrastructures d’eau publiques font bien des jaloux dans le monde entier, et avec raison puisqu’elles sont indispensables à une distribution juste et équitable d’eau potable dans la population. Mais elles ont besoin de beaucoup d’amour, notamment pour affronter les défis de la crise climatique. Plus précisément, un investissement d’amour équivalent à environ 35 milliards de dollars est nécessaire selon Réseau Environnement afin d’assurer leur entretien et réparation. 

Solution 5: Interdire, dans toute la province, l’arrosage de la pelouse

Plusieurs municipalités ont déjà interdit ou grandement limité l’arrosage des pelouses avec de l’eau potable. Ces mesures doivent être appliquées à la grandeur de la province et nous devons nous questionner sur la façon d’aménager nos espaces de vie extérieur. Le traitement de l’eau potable coûte des millions de dollars aux municipalités et aux contribuables. Dans certaines villes, la portion de la consommation d’eau vouée à l’arrosage de pelouse monte à 30% de la consommation totale pendant l’été. C’est ridicule! Des mesures pour inciter la mise en place d’aménagements servant à capter l’eau des épisodes de pluies violentes pour remplacer les pelouses pourraient être mises en place. Restez à l’affût, nous préparons quelque chose pour cet été 😉

Prioriser l’accès à l’eau potable avant le développement économique

Solution 6: Exiger des infrastructures vertes dans tous les nouveaux projets de développement

Le gouvernement peut exiger que les nouveaux projets développés dans la province incluent automatiquement des infrastructures vertes pour mieux affronter les réalités de la crise climatique et réduire l’impact sur l’environnement. Par exemple, Québec aurait pu exiger à Northvolt de construire une usine éponge qui éviterait le ruissellement des eaux de pluie, tel que suggéré par Fondation Rivières. Et que dire du tout nouvel hôpital à Vaudreuil qui se voit retirer son stationnement à étages pour être remplacé par un stationnement classique, soit une très grande étendue de bitume imperméable.

Solution 7: Analyser la capacité des bassins versants avant d’autoriser un projet exigeant en eau

L’impact sur l’eau des nouveaux projets commerciaux et industriels est rarement pris en considération, alors que c’est l’objectif de la gestion intégrée par bassin versant mis en place par la Politique nationale de l’eau. Pensons notamment à Northvolt qui s’implantera dans une région agricole et qui utilisera des quantités inconnues d’eau.

Et ça continue! 

Ces solutions ne sont que quelques pistes d’actions possibles dès maintenant sur lesquelles nous travaillons. Pour nous, tous les jours est une journée mondiale de l’eau – La lutte continue!

Autres ressources et actualités

Plan national de l’eau : le fruit d’une concertation qui nous engage dans une bonne direction

Fondation Rivières et Eau Secours accueillent favorablement le dépôt du Plan national de l’eau du Québec présenté aujourd’hui par le ministre de l’Environnement Benoit Charette. Les groupes soulignent notamment que  l’apport du Fonds Bleu annoncé plus tôt dans l’année permet maintenant la mise en place de mesures favorisant la participation des citoyens et des OBNL dans la protection de l’eau et une juste collaboration entre les acteurs de la société civile et les ministères concernés par la protection de l’eau.

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