7 décembre 2021
Montréal, 7 décembre 2021 – Dans le cadre du triste 1er anniversaire de l’entrée de l’eau à la bourse s’organise une mobilisation internationale sous la bannière Libérons l’eau de la bourse, mobilisation à laquelle un regroupement d’organisations du Québec a participé devant l’ancienne Bourse de Montréal. À cette occasion, le regroupement lance une pétition qui réclame du gouvernement du Canada qu’il se positionne clairement contre cette appropriation privée d’une ressource publique qui va à l’encontre de la résolution de l’Assemblée générale des Nations-unies de 2010 qui reconnaît l’eau comme un bien commun et un droit universel humain.
Retour sur les faits
Le 7 décembre 2020, l’eau a été cotée à la Bourse de Chicago, à l’initiative du fonds d’investissement spéculatif le plus puissant du monde, le Black Rock, provoquant de fortes réactions d’opposition et de critique dans le monde entier. Le 25 octobre dernier, poursuivant la ligne imposée par Black Rock, la Bourse de New York a décidé d’ouvrir une nouvelle classe d’actifs financiers, gérée par une nouvelle catégorie de sociétés appelées “Natural Assets Companies” (NAC).
Les risques pour notre ressource en eau dénoncés
« Nous assistons à une véritable monétisation de la nature sous la protection de la Bourse permettant de vendre et acheter des morceaux de la planète pour en extraire des profits, » expliquent les groupes à l’origine de la pétition. Le Canada doit se positionner clairement pour éviter cette éventuelle main basse sur nos ressources publiques essentielles. L’eau doit être gérée par nos gouvernements et jamais par le marché qui ne se soucie guère d’en faire la conservation pour le futur».
Les groupes avancent que la financiarisation ne réduit pas le gaspillage de l’eau ni en assure une gestion responsable dans les endroits où la rareté de la ressource est ressentie. Elle creusera les inégalités socio-économiques en limitant éventuellement l’accès à l’eau douce aux populations moins nanties et donc, déjà plus à risque de sentir les impacts des pénuries.
De plus, les groupes affirment que l’entrée en bourse et la monétisation de l’eau vont à l’encontre de la résolution de l’Assemblée générale des Nations-unies de 2010 qui reconnaît l’eau comme un bien commun et un droit universel humain.
Les groupes réclament donc au gouvernement du Canada d’agir de façon préventive afin d’éliminer toute menace éventuelle de la financiarisation de l’eau douce au Canada.
Les revendications de la pétition
Les groupes exigent du gouvernement du Canada qu’il:
- s’oppose ouvertement au marché boursier de l’eau dans ses relations internationales et signature d’accords;
- propose l’adoption d’une loi fédérale interdisant la spéculation sur des contrats à terme sur l’eau du Canada ou d’ailleurs;
- interdise la cotation en bourse des entreprises de services d’eau tel le traitement de l’eau potable et l’assainissement des eaux usées;
- interdise l’exportation de l’eau embouteillée;
- refuse la monétisation de la nature et reconnaisse le droit des rivières, des mers, des lacs, des glaciers et de leurs écosystèmes à exister en tant que tels, en tant que communs naturels universels de la vie.
Lien vers la pétition: http://liberonsleaudelabourse.com/
Groupes signataires
- Eau Secours
- Agora des Habitants de la Terre
- Conseil Central du Montréal métropolitain-CSN
- Les Artistes pour la Paix
- Réseau québécois des groupes écologistes
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