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Projet minier de lithium Baie James: Contamination à l’arsenic et destruction de milieux humides au profit d’une “énergie propre”

19 janvier 2023

Montréal, le 19 janvier 2023 – Eau Secours et le Regroupement Vigilance Mines de l’Abitibi et du Témiscamingue (REVIMAT) sont déçus du laxisme au regard de la protection de l’eau et des milieux hydriques dans le projet de mine de lithium Baie James du promoteur Galaxy Lithium tel qu’approuvé par l’Agence d’évaluation d’impact du Canada (AEIC) le 16 janvier. Le comité d’évaluation n’a que peu traité des préoccupations soulevées dans une lettre leur étant adressée par Eau Secours en novembre dernier. Lorsqu’il l’a fait, ses réponses furent des plus incomplètes ou insatisfaisantes et aucune condition n’a été renforcée pour répondre aux préoccupations soulevées par l’organisme. Au contraire, certaines conditions ont même été allégées.

Contamination de la fosse en arsenic à très long terme

Une situation d’incohérence majeure persiste entre la portée limitée d’un règlement dont l’application cesse après la fermeture de la mine et les impacts de ce projet qui se feront ressentir des décennies plus tard. C’est la raison pour laquelle les conditions juridiquement contraignantes énoncées par le ministre au moment de l’approbation auraient dû traiter de l’enjeu de contamination à l’arsenic de cette fosse pour pallier aux manques législatifs du Règlement sur les effluents des mines de métaux et des mines de diamants (REMMMD) dans une telle situation où les impacts se présentent à très long terme. Rappelons que la fosse se remplira d’eau sur 120-160 ans, et que celle-ci fera résurgence dans les cours d’eau voisins environ 50 ans après la fermeture de la mine.

Destruction de 305 hectares de milieux humides

305 hectares de milieux humides seront détruits par le projet et cette destruction sera inadéquatement compensée. Or, ce point a été balayé du revers de la main par le comité d’évaluation qui dit « comprendre nos préoccupations », mais qui n’adapte pas ses Conditions en conséquence. Les seules mesures de compensation retenues, en fait, se résument surtout au soutien à la recherche. Bien qu’importante, les promoteurs se contentent bien souvent de cette seule mesure et négligent donc l’évitement de la destruction et la restauration réelle de leur gâchis.

Impacts cumulatifs toujours sous-évalués

À part énumérer quelques projets, on ne voit toujours pas d’évaluation des impacts cumulatifs. Dans un contexte de boom minier (sud-ouest et sud-est du Québec) comme ce qui se produit actuellement au Québec, l’évaluation et la prise en compte de cette accumulation des impacts est pourtant de plus en plus primordiale avant de donner l’aval aux différents projets. On ne peut plus se contenter d’être simplement à la remorque des promoteurs pour constater, après coup, l’ampleur de la contamination, voire de la destruction directe des rivières et des réserves d’eau du territoire. Il devient chaque jour plus important d’adéquatement évaluer et prévenir ces impacts en amont des différents projets.

Problèmes entourant la construction de l’usine de traitement des eaux à capacité augmentée

Concernant nos demandes d’implanter une usine de traitement des eaux (UTE) dès le 6e mois de la phase de construction du projet, et d’assurer le traitement des eaux de la fosse appelée à déborder au terme de plus d’une centaine d’années, l’Agence répond que « le REMMMD couvrirait ces éléments de manière adéquate », et qu’il n’est donc pas nécessaire de revoir les conditions et exigences à imposer au promoteur. Il est par ailleurs avancé que le promoteur construira une UTE de construction dès la phase de construction du projet, pour assurer un contrôle de la qualité des eaux rejetées, mais qu’il évaluera ensuite la nécessité de construire une plus grosse UTE pour la phase d’exploitation. Cette construction sera réalisée « au besoin ». Le comité d’évaluation laisse donc cette étape importante à la discrétion du promoteur. Or, l’historique d’infractions environnementales de la majorité des minières de la province rend cela très inquiétant : le promoteur construira-t-il réellement cette UTE, même si le besoin est là, ou se contentera-t-il du strict minimum en termes de traitement des eaux, quitte à payer quelques amendes ici et là, comme beaucoup de promoteurs le font actuellement ?

Citations: 

« 305 hectares de milieux naturels détruits et une fosse qui se remplira d’eau contaminée en arsenic sur 120 ans pour ensuite se déverser dans les rivières voisines, voilà des exemples du prix à payer pour une soi-disant transition verte. Ce type de projets destructeurs, se contentant du minimum pour répondre aux normes, ne répond pas aux critères de la transition verte selon nous. Il faut que les instances gouvernementales endossent leur rôle de protectrices de la société civile et de l’environnement pour exiger des engagements plus sérieux de la part des promoteurs. Notre environnement, notre qualité de vie et notre accès à l’eau potable en dépendent pour l’avenir. » souligne Rébecca Pétrin, directrice générale d’Eau Secours. 

 

Pour informations:

Mathieu Langlois

Responsable des communications, Eau Secours
514-588-5608
communications@eausecours.org

Marc Nantel
Porte-parole du Regroupement Vigilance Mines de l’Abitibi et du Témiscamingue (REVIMAT)
819-737-8620

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