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Des militant.e.s et ONG publient un rapport accablant sur le dépotoir G&R de Kanehsatà:ke en dénonçant le racisme environnemental qui en est à la source

10 septembre 2021

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

● Une coalition regroupant allochtones et autochtones a enquêté sur le dépotoir G&R à Kanehsatà:ke.
● Après des mois de collaboration, les allié.e.s s’activent pour publier l’enquête tout en protégeant les militants autochtones contre d’éventuelles représailles.
● L’équivalent de cent-soixante piscines olympiques de matières résiduelles non-identifiées résident en terre Mohawk, et les analyses indiquent la présence de matières toxiques, les BPC.
● Le site déverse une multitude de contaminants dans un cours d’eau qui se vide dans le Lac des Deux Montagnes.
● Le gouvernement n’a pas divulgué ses informations à la communauté de Kanehsatà:ke ou aux personnes vivant proche du site G&R.
● Les militant.e.s dénoncent le racisme environnemental et exigent une enquête indépendante et publique pour établir le contenu du site ainsi qu’un plan pour la décontamination immédiate du terrain.

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Kanehsatà:ke, Québec, (10 septembre 2021) – Après plusieurs mois d’enquête et de collaboration avec les membres de la communauté de Kanehsatà:ke, le groupe d’allié.e.s allochtones ReconciliAction, soutenu par les ONG Eau Secours et le Front commun québecois pour une gestion écologique des déchets (FCQGED) décrivent le dépotoir G&R sur le territoire de Kanehsatà:ke comme un cas flagrant de racisme environnemental et exigent la décontamination du site. Leur enquête soulève des questions quant au risque à long terme pour l’environnement et la santé publique, y compris l’eau potable.

« Kanehsatà:ke est un territoire minuscule, la seconde plus petite réserve autochtone du Québec. Pourtant, des quantités massives de matières résiduelles complètement inconnues en provenance d’une des plus grandes villes du pays finissent par s’y accumuler sans que le gouvernement n’y mette fin », explique Louis Ramirez, porte-parole de la campagne. « Les documents obtenus par la coalition prouvent que chaque instance gouvernementale accumule des preuves inquiétantes sans pourtant les divulguer à la communauté de Kanehsatà:ke ou même à leurs voisins. C’est un échec institutionnel monumental, le résultat direct du régime colonial actuel », ajoute-t-il.

Des échantillons prélevés par le Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) dans un cours d’eau qui passe par le dépotoir G&R, en amont et en aval, prouvent que le site rejette systématiquement des lixiviats contaminés dans l’eau de surface, alors que la surveillance par drone et les documents du MELCC témoignent de l’absence totale de système de traitement des eaux. En effet, selon le rapport d’inspection du 6 novembre 2019, le dépotoir « produit des lixiviats qui s’écoulent dans l’environnement sans qu’aucun système n’ait été mis en place pour capter et traiter le lixiviat. » Ces résultats soulèvent des questions concernant les impacts du dépotoir G&R sur la biodiversité. Un dossier résumant les faits les plus inquiétants ainsi que contenant tous les documents est disponible sur le site de ReconciliAction.

« Les lois et règlements qui régissent l’enfouissement et le stockage de matières résiduelles ont été créés suite aux désastres environnementaux du passé. Nous avons collectivement décidé qu’il fallait encadrer la gestion de nos déchets pour éviter les impacts graves sur l’environnement immédiat mais également sur tous les écosystèmes par l’écoulement vers les nappes phréatiques et les cours d’eau. Plus la situation perdure au site G&R, plus il y a des risques de contamination. Il faut mettre fin immédiatement aux activités illégales afin d’éviter que d’autres contaminants entrent dans les écosystèmes avoisinants et affectent de façon importante l’eau potable », signale Rébecca Pétrin, directrice générale d’Eau Secours.

« Toute installation de traitement des déchets devrait être gérée dans le respect des lois, de l’environnement et des communautés locales, il semblerait que ce ne soit pas le cas ici », ajoute Karel Ménard, directeur général du FCQGED.

« Lorsqu’il s’agit de s’attaquer au problème, chaque instance gouvernementale repasse la balle à une autre », conclut Louis Ramirez. « Non seulement les peuples autochtones sont confinés dans de minuscules réserves, mais ces dernières servent systématiquement de dépotoirs à déchets toxiques, et ce, à tel point que l’ONU s’en soucie. Avec le cycle de déresponsabilisation, la souffrance se perpétue. En ces temps d’élection, nous exigeons des actions concrètes pour s’attaquer au racisme environnemental, décontaminer ce site et tous les autres, et en finir une fois pour toutes avec les promesses brisées. C’est le but de notre coalition et de la campagne que nous menons. »

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Contact média :
Louis Ramìrez – louis.ramirez@protonmail.com

Crédit Photo: Virginie Anne

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