reaction_rapport_BAPE-stablex

Stablex à Blainville: Le BAPE a écouté la science et reconnait l’opposition quasi-unanime au projet

22 septembre 2023

Blainville, Montréal, le 22 septembre 2023 – Une coalition de groupes environnementaux locaux et nationaux accueille favorablement les recommandations exposées dans le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) à propos du projet de réaménagement de la cellule no 6 de Stablex à Blainville rendu public aujourd’hui. Les groupes sont soulagés de constater que les inquiétudes de la population locale, des scientifiques et des élus de la région aient été entendues dans le cadre des consultations publiques. Les groupes s’attendent maintenant à ce que le ministre de de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), M. Benoit Charette, prenne acte du manque complet d’acceptabilité sociale et rejette officiellement tout projet de cellule 6 dès maintenant.

Un BAPE à l’écoute mais l’eau potable demeure dans un angle mort

Le rapport confirme les inquiétudes des citoyens et groupes qui ont été nombreux à participer aux processus du BAPE entamé le 8 mars dernier. Notamment, il questionne l’efficacité du procédé SealoSafe de Stablex qui n’a pas été prouvée sur le terrain et conseille le MELCCFP d’assurer le suivi de l’intégrité des géomembranes in situ considérant l’absence de données terrain. 

De plus, le rapport reconnaît la valeur écologique exceptionnelle de la Grande tourbière de Blainville et est d’avis que le pompage prévu par le projet viendrait mettre à risque l’intégrité écologique du milieu. Il reconnaît également l’importance de ce milieu dans la connectivité du corridor écologique.

La protection de l’eau potable entourant le site, mais également des effluents dont la rivière des Mille-Îles n’a que très peu été abordée dans le rapport. La coalition soulève notamment l’absence de données sur les contaminants présents dans les eaux de contact et l’efficacité de l’unité de traitement qui rejette ces eaux dans le système de traitement de la ville de Blainville. Les systèmes municipaux ne sont pas dotés d’installations pour les rejets industriels et menacent donc de se déverser dans l’environnement. 

Il n’y a également pas de mention sur un plan de contingence et sur les risques associés pour l’accès à l’eau des municipalités en aval dans le cas où surviendrait un déversement de contaminant, et ce malgré les incertitudes soulevés quant à la résistance des membranes et la perméabilité des milieux humides entourant le site. 

La balle est maintenant dans la cour de M. Charette

Le rejet du projet par le BAPE s’ajoute aux multiples contestations qui s’accumulent contre ce projet. La Ville de Blainville, initialement en faveur du projet, à d’ailleurs cessé de l’appuyer suite à une importante mobilisation citoyenne. Invoquant le bien de ses citoyens et une réévaluation du dossier en cours, la ville est même allée jusqu’à résilier son entente avec la multinationale américaine le 22 août dernier.

Alors que l’opposition au projet est plus qu’évidente, les groupes s’inquiètent toujours de la possibilité que le ministre de l’Environnement, sous pression du conseil des ministres et de l’industrie, use d’un décret ministériel pour imposer le projet dans la région, comme il l’a fait avec l’agrandissement du mégadépotoir de Drummondville en 2021.

« M. Charette doit absolument respecter le souhait de la population de Blainville et des élus de la région et annoncer dès maintenant le rejet complet du projet de réaménagement de la cellule no 6. de Stablex. Ce projet n’a plus sa place dans un milieu urbain en plein développement où les services écosystémiques apportés par la Grande tourbière de Blainville, un milieu naturel d’une grande biodiversité, seront plus que jamais essentiels à la santé publique et environnementale de la région, » affirme Martin Legault, coordonnateur pour le MARE.

« Les cellules actuelles de Stablex menacent de contaminer nos eaux, à Blainville et tout autour. Le gouvernement du Québec doit faire cesser ces activités qui n’ont pas su faire leurs preuves en 40 années d’activités et laissant un site dangereux en plein cœur des quartiers résidentiels et milieux écologiques exceptionnels. Aucun endroit au Québec ne sera adéquat pour ce type de procédé, ni à Blainville, ni ailleurs! » ajoute Rébecca Pétrin, directrice générale d’Eau Secours.  

Aucune cellule 6 et un moratoire sur l’importation des déchets exigé

Les groupes tiennent à rappeler qu’il n’y a pas plus d’acceptabilité sociale pour la version originale du projet de cellule 6 que pour le projet de réaménagement tel que présenté au BAPE. La version originale de la cellule 6 représente également la destruction de nombreux hectares de milieux naturels et de milieux humides, alors que nous savons que pour atteindre les cibles édictées par la COP15, chaque hectare de nos précieux écosystèmes compte. De surcroît, presque aussi destructeur que le projet de réaménagement, le projet initial se trouverait beaucoup plus près des résidences, soit directement dans la cour des Blainvillois. 

« Il est absurde de penser que l’implantation d’un projet d’enfouissement de déchets industriels dangereux en plein milieu urbain, importés en sus, puisse être encore considérée à notre époque. Sans parler, que les informations apprises pendant les consultations du BAPE ont fait disparaître toute confiance dans le système de membrane du site, le contrôle du lixiviat et la responsabilité face à la décontamination du site en cas d’accident, » s’insurge Normand Beaudet, porte-parole d’Action Environnement Basses-Laurentides.

La coalition souligne que cette démarche a permis de mettre en lumière l’enjeu de l’importation de déchets industriels dangereux au Québec. Un sujet trop souvent gardé sous silence, mais qui a tout de même été relevé par la commission du BAPE. Celle-ci conseille le MELCCFP de réaliser un état des lieux sur la gestion des matières dangereuses résiduelles afin de lui permettre de développer des orientations stratégiques et de compléter sa mise à jour du Règlement sur les matières dangereuses.

« Avec l’information du BAPE, nous avons compris que le Québec est le far west de la gestion des déchets dangereux. Nos lois, règlements et politiques à cet effet sont tout à fait vétustes et dépassés. Il est temps pour une mise à jour digne du 21e siècle, d’autant plus que la responsabilité de la multinationale en cas de contamination est insignifiante et très limitée dans le temps, » martèle Normand-Léo Beaudet de la CAER – Coalition Alerte à l’Enfouissement Rivière du Nord.

Les groupes demandent ainsi que le gouvernement profite de cette occasion pour déclarer dès maintenant un moratoire sur l’importation des déchets dangereux au Québec. Le moratoire doit permettre suffisamment de temps pour déclencher et mener à terme une réflexion nationale participative sur la stratégie québécoise de gestion des déchets dangereux. 

-30- 

Lien vers le rapport du BAPE: https://voute.bape.gouv.qc.ca/dl?id=00000543034

Groupes signataires en ordre alphabétique:

  • Action Environnement Basses-Laurentides (AEBL)
  • Coalition Alerte à l’enfouissement Rivière-du-Nord (CAER)
  • Eau Secours
  • Mères au front, Rivières des Mille-Îles
  • Mouvement d’action régional en environnement (MARE)
  • Société pour vaincre la pollution (SVP)

Pour plus d’informations:

Mathieu Langlois
Responsable des communications – Eau Secours
514-588-5608
communications@eausecours.org

Sylvie Clermont 
Représentante du MARE (Mouvement d’action régional en environnement)
514-582-3228
sylvieclermont1@hotmail.com

Marie-Claude Beaulieu 
Mère au front pour Nicolas et Frédérique 
Coordinatrice groupe local de la 
Rivière-des-Mille-îles 
514-894-8499
riviere-des-mille-iles@meresaufront.org

Comments are closed.