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Une analyse indépendante montre une contamination de l’eau au cadmium 320 fois au-dessus de la norme environnementale à un site près de Stablex à Blainville

27 février 2024

Montréal, le 27 février 2024 – Une campagne d’échantillonnage effectuée par des groupes environnementaux révèle une contamination importante dans les cours d’eau autour du site d’enfouissement de déchets industriels dangereux de l’entreprise Stablex à Blainville. Les groupes demandent au ministère de l’Environnement de prendre en charge le dossier en menant une enquête complète et transparente dans l’intérêt de la santé de la population et des écosystèmes.  

« Nous sommes surpris et très inquiets de la simplicité avec laquelle nous avons pu démontrer une contamination importante en plein dans le milieu de vie de la population de Blainville. Le ministère de l’Environnement doit agir rapidement et en toute transparence en procédant à des analyses complètes des activités de l’entreprise », précise Martin Legault, coordonnateur pour le MARE. 

Les données collectées lors de la campagne d’échantillonnage, effectuée le 2 décembre 2023 sur des lieux publics et analysées par un laboratoire accrédité, montrent des dépassements importants des normes établies par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). Pas moins de 10 des 11 sites d’échantillonnages d’eau de surface et tous les sites (11/11) d’échantillonnage de sédiments ont révélé la présence de contaminants qui dépassent les critères du MELCCFP notamment de l’arsenic, du cuivre, du zinc ainsi que le cadmium retrouvé dans l’eau à un taux de 0,016ml/ litre, soit 320 fois plus que la norme environnementale. Ce même contaminant à été détecté dans les sols à une concentration 19 mg/kg, soit 57,6 fois plus élevé que le critère de qualité établi. Une présence de chrome a été détectée en dépassement sur tous les sites, dont un à un taux de 37 mg/kg, soit 14,23 fois plus que la norme de ces mêmes critères. Aussi, les mesures de turbidité et de matières en suspension dans les eaux des fossés longeant et s’écoulant des cellules d’enfouissement de déchets industriels de Stablex dépassent de 4.2 jusqu’à 8.1 fois les critères de protection de la vie aquatique. L’entièreté des données de la campagne d’échantillonnage a été envoyée à la Ville de Blainville ainsi qu’au MELCCFP. 

Le taux de cadmium est particulièrement inquiétant. Ce métal lourd est considéré comme cancérogène et des liens entre l’exposition à ce contaminant et les cancers du poumon, du rein, du sein et de la prostate ont été établis. Les risques liés à l’exposition à ces contaminants sont donc importants et c’est pourquoi une analyse complète est requise selon les groupes et doit inclure les émissions du site, les eaux de surface et sanitaires ainsi que les rejets de l’usine.

La Ville de Blainville attend le MELCCFP

Lors du conseil municipal de la ville de Blainville le 20 février dernier, les groupes ont demandé une prise de position claire et un engagement de la mairesse Liza Poulin afin qu’une enquête complète soit effectuée. En réponse, Mme Poulin a précisé notamment qu’elle « privilégierait d’exiger de la part du ministère de l’Environnement qu’il procède à des analyses ». 

« Nous avons des preuves concrètes qu’il y a un problème de contamination des cours d’eau à Blainville autour du site de Stablex. Nous savons maintenant que la Ville choisit de s’en remettre au ministère de l’Environnement pour veiller à la santé de sa population. Et si la contamination que nous avons détectée n’était que la pointe de l’iceberg? La balle est donc clairement dans la cour du ministre Benoit Charette, » affirme Marie-Claude Beaulieu, Mère au front-Rivière-des-Mille-îles.

Les groupes rappellent que dans le cadre des consultations publiques pour le projet de réaménagement de la cellule #6, plusieurs questions ont été soulevées en relation à l’efficacité du procédé de Stablex. Ces doutes, jumelés à une mobilisation citoyenne, ont d’ailleurs poussé Blainville à déchirer son entente, en août dernier, avec la multinationale américaine pour le terrain nécessaire à son projet. Cependant, un doute persiste en rapport aux intentions de l’entreprise d’exploiter sa cellule #6 initiale, située à un jet de pierre des résidences. 

« Quand la Ville à déchiré son entente avec Stablex, plusieurs résidents ont cru que c’était la fin de l’histoire, mais c’est tout le contraire! Cette multinationale continue ses activités avec un manque de transparence important sur ses impacts pour l’environnement et elle a encore la possibilité d’agrandir ses opérations en démarrant l’exploitation de la cellule #6 initiale. M. Charette doit prendre position dès maintenant pour affirmer qu’il n’émettra pas les autorisations nécessaires à l’exploitation de la cellule #6 initiale. », affirme Rébecca Pétrin, directrice générale d’Eau Secours.

Une réflexion nationale exigée

La commission d’enquête du BAPE, suite à l’analyse du projet de réaménagement de la cellule #6 de Stablex, a conclu « qu’il serait impératif que le [MELCCFP] réalise un état des lieux sur la gestion des matières dangereuses résiduelles et des matières non dangereuses préoccupantes. Ce bilan devrait lui permettre de développer notamment des orientations stratégiques, de compléter sa mise à jour du Règlement sur les matières dangereuses et d’adopter un plan d’action en matière de réduction et de gestion de ces matières en tenant compte de l’évolution des réalités et préoccupations territoriales et environnementales. » À la vue de ce constat, et suite aux nombreuses inquiétudes soulevées par les opérations de Stablex à Blainville, les groupes réitèrent leur demande auprès du MELCCFP pour un moratoire immédiat sur l’importation des déchets industriels dangereux et pour une réflexion nationale consultative sur la stratégie de gestion de ces déchets au Québec

« La ville de Blainville accueille les déchets les plus toxiques des États-Unis, de l’Ontario et du Québec depuis plus de 40 ans. La réalité de la ville a changé et ses citoyens ne veulent plus accueillir la poubelle toxique de l’Amérique du Nord. Il est temps de passer à autre chose! », concluent les groupes. 

Consultez l’historique de l’enjeu en cliquant ici…

Contacts :

Marie-Claude Beaulieu
Mère au front-Rivière-Des-Mille-Îles
514-894-8499
mcbeaulieu.eco@gmail.com

Mathieu Langlois
Responsable des communications – Eau Secours
514-588-5608
communications@eausecours.org

Martin Legault
Mouvement Action Régionale en Environnement
mouvement.mare@gmail.com

Pour les questions techniques en lien avec les résultats d’analyse, contactez:

Daniel Green
SVP – Société pour Vaincre la Pollution
svp.pollution@gmail.com

 

Groupes signataires en ordre alphabétique:

  • Action Environnement Basses-Laurentides (AEBL)
  • Coalition Alerte à l’enfouissement Rivière-du-Nord (CAER)
  • Eau Secours
  • Mères au front-Rivière-Des-Mille-Îles
  • Mouvement d’action régional en environnement (MARE)
  • Société pour vaincre la pollution (SVP)

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